La seigneurie de Canet à Canet-en-Roussillon

 

L'histoire du village de Canet commence durant le XIe siècle. La première mention date de 1013 sous le vocable "Castellum de Caned", puis en 1017 "Villa de Caneto" et en 1052 "Canetum".

 

Le premier seigneur de Canet, Raimond Bérenger, suzerain d'une dizaine de chevaliers, reçoit de Gausfred II "divers gages et garants pour un portion de la ville de Torelles (Toreilles) et pour le château de Canet".

 

Ce château a probablement été construit peu avant cette époque. En 1075 une église est construite au cœur du château. Dédiée à St Martin de Tours, elle sert d'église paroissiale jusqu'à la construction de la seconde église du village, au XVIe siècle.

 

Le second seigneur, Pierre Raimond, dont on retrouve la trace en 1087 dans un document le désignant comme témoin du testament de Bernard de Corneilla.

 

Puis, Guillaume 1er qui participe avec Guinart, comte du Roussillon, à la première croisade. Il est présent sous les remparts d'Antioche lors de sa prise (1098) et lors de la prise de Jérusalem (1099).

 

Successeur de Guillaume 1er, Raimond Bérenger II est témoin d'un acte du comte Raimond Bérenger IV de Barcelone concernant Prats. Il décéde après 1099.

 

Les terres du seigneur de Canet gagnent rapidement en importance. Le port de Ruscino permet de développer le commerce, et les habitants gagnent en richesse. La vigne est implantée dès le XIe siècle à Canet. L'activité du village se complète avec les salins, et le commerce fait avec Perpignan.


Bien plus que le village de Canet, la seigneurie s'étend aux alentours du XIIe siècle, sur de vastes terrains dont la plupart, sont constitués de marécages. 
Afin de regrouper religieusement les habitants éparpillés dans la plaine, l'Eglise fait construire plusieurs chapelles, ou en rattache à Canet.

 

Les seigneurs de Canet se succèdent de façon héréditaire. Bérenger est également co-seigneur de Rivesaltes et de Peyrestortes en 1170. Son successeur se nomme Raymond, il obtient en 1198 l'autorisation de faire construire une "força" à Ste Marie, alors possession de Canet. Guillaume II, son fils, cité en 1205. épouse Cerdana de Rodès.

 

Son successeur, Raymond II, épouse Raymonde de Serralongue. Raymond II est un fidèle des rois d'Aragon. Il est aux côtés de Ferdinand durant la bataille de Toulouse, le 16 juillet 1212. En 1229, il participe à la conquête des Baléares sur les sarrasins, puis se profile la conquête de Valence, toujours sur les sarrasins. Il a alors un grand besoin d'argent pour y participer, aussi va t-il vendre des privilèges aux habitants. Le 31 mai 1238, ceux ci dépenseront 3000 sols de Malgone, en exemple, pour le "Rachat de toutes obligations ou caution forcée envers leur seigneur et de tout usage ou coutume contraire à la liberté naturelle."

Le testament de Raymond dote l'hôpital du village de plusieurs maisons. Canet est fortifié d’une enceinte durant le XIIIe siècle. Cette époque marque l'apogée de la population. Raymond II a deux enfants, Guillaume et Pierre. Tout deux seront élevés par Bernard Hugues de Serralongue, leur grand-père maternel. Ce dernier accorde aux habitants de Canet de nouveaux privilèges avec sa fille Raymonde. Pierre, nommé Pierre de Domanova, il décède en 1244.

 

Quand à Guillaume, il devient Guillaume III de Canet, successeur de son père.

Guillaume III confirme les privilèges accordés par son grand-père (le 23 mai 1265) contre 700 sous barcelonais. Il avait lui aussi un grand besoin d'argent pour prendre les armes aux côtés de Jacques 1er de Majorque pour la conquête de Murcia (mai et juin 1266). Guillaume III décède vers 1286, après avoir épousé Alamande, fille de Pons de Vernet. N'ayant pas de descendance,, Canet passe aux mains de son beau-frère Pons de Guardia, mari de Timberga et fils de Galcerand de Pinos, seigneur de Llo. C'est ainsi que Canet passà à la famille de Pinos. 

 

Pons sera en conflit ouvert contre le vicomte de Castelnou (partisan du roi d'Aragon) qu'il attaquera, en compagnie d'Arnau de Corsavy, Guillaume de Pinos et Ramon Roger de Pallars.

 

Le successeur de Pons est son fils Raymond III. Sous son règne Canet va devenir une baronnie. Il décède en 1312 en laissant le pouvoir à son frère Guillaume IV qui récupèrera les châteaux de Vilarnau d'Avall, d'Espira et de Juiols en récompense de sa fidélité.

 

1322 est une date importante : Le roi de Majorque Sanche élève Canet au rang de vicomté  (acte de 1322 du roi sanche), en remplacement de la vicomté de Castelnou, resté trop proche de l'Aragon. Cette vicomté s'étendra sur Ste Marie, Villelongue, Toreilles, Vilarnau d’Amont, St Michel-de-Forques, St Nazaire, Alénya, Saleilles, Théza, Corneilla-del-Vercol, Vilarasa, Moselos et Villeneuve-de-la Raho.

 

En 1343, Pierre IV d'Aragon assiège la ville le 31 juillet 1343. A ce moment, c'est François d’Oms qui est gouverneur du château de Canet. Le vicomte de Canet Raymond IV, fils et successeur de Raymond III est également dans les murs. Pierre IV d'Aragon lance un ultimatum, rejeté par les défenseurs. Le 3 août 1343, Raymond cède et ouvre les portes de la ville à Philippe de Castro au nom du roi Pierre IV. En représailles Raymond est envoyé en exil par les galères à l'évêché de Gérone. 

 

Victorieux du royaume de Majorque, Pierre IV d'Aragon prend le pouvoir sur Canet et le donne au cousin de Raymond II, Pierre II de Fenouillet. Canet sert alors de dédommagement aux héritiers de cette famille pour la spoliation dont a été victime leur arrière grand père, partisan des cathares à un moment où il n'aurait pas dû l'être. De plus, c'est une façon de laisser cette vicomté dans la même famille, tout en ayant arrêté la lignée officielle anti-aragonaise.

 A partir du XIVe siècle Canet va subir de plein fouet la politique locale. En 1398 et jusqu'à 1422, Collioure est déclarée seul port roussillonnais de débarquement de marchandises. 

 

Au milieu du XVe siècle, les catalans s’opposent aux français se rendant maîtres des comtés du Roussillon et de Cerdagne, suite au Traité de Bayonne. Louis XI est alors officiellement vicomte d'Ille et de Canet. Canet tombe aux mains des aragonais le 1er février 1472, grâce à Bernard d’Oms, seigneur de Corbère.

 

Lieux et Monuments

Le château vicomtal de Canet est pure production des francs du XIe siècle. C'est sur cette colline qu'est construit le château, siège de la vicomté de Canet, dont les membres forment une famille puissante au XIIe.

Certains éléments des remparts remontent à cette époque, de même que la chapelle Saint-Martin. Au XIVe siècle, un patio, entouré par des galeries à colonnes de pierre, est construit, de même que la majeure partie de l'enceinte extérieure actuelle. C'est à cette époque que l’abside de la chapelle est dotée d'une tour fortifiée, ce qui nécessite la surélévation de son abside.

En 1688, un puits à glace est construit au nord de la chapelle. Abandonné définitivement après la Révolution française, le château sert de carrière de pierre pour les habitants du village. Aujourd'hui il est classé monument historique.

 

 

Plan de la forteresse de Canet

 

  1. Entrée de la fortification
  2. Chapelle St Martin, église romane construite au XIème siécle
  3. Patio et citerne
  4. Tour ronde du XIIème siècle avec citerne à la base
  5. Fentes de tir pour armes à feu
  6. Poternes

 

La forteresse couvre un espace de 3500 m2. 

L’aire intérieure est occupée par divers bâtiments du château et une esplanade libre de toute occupation, autrefois cimetière jusqu’au XIIIe siècle.

La porte d’entrée s’ouvre au sud, face au village.

La chapelle fortifiée protège de sa masse l’entrée du château. 

À l’ouest, le tertre est utilisé comme motte castrale et est surmonté de son réservoir d’eau.

Côté ville, on trouve une grosse tour ronde (XIIIe), à la base aménagée en citerne.

Et au nord, à l’ombre de la chapelle le puits à glace creusé en 1688 demeuré en parfait état de conservation. 

 

 

La chapelle Saint-Martin du Château a servi d'église paroissiale au village de Canet entre la deuxième moitié du XIe siècle et le début du XVIe siècle, l'église Saint-Jacques, plus spacieuse deviendra église paroissiale.

Au XIIe siècle l'église Saint-Martin possède une nef unique charpentée et une abside voûtée. Aux XIIIe‑XIVe siècles, l'abside est surélevée pour permettre l'établissement d'une tour, puis une chapelle au nord de la nef. De l'édifice il ne reste plus aujourd'hui que la majeure partie du mur nord et l'abside surmontée par la tour. Les travaux de restauration ont permis une reprise totale du parement des murs subsistants, et la reconstruction progressive des murs sud et ouest.

 

L'église Saint-Jacques est en 1241 dans le testament d'un des seigneurs de Canet, il mentionne que l'édifice est situé en dehors des murailles de la ville.

Au XIVe siècle rasée par le roi d'Aragon, qui rembourse ce préjudice en finançant la construction d'une nouvelle église.
DébutXVIe siècle, pierre datée de 1510 scellée dans la façade
XVIIe siècle, la nef dotée de deux chapelles latérales supplémentaires.
Révolution, la majorité du mobilier est détruite.
Années 1890, rénovation du clocher, de la façade (pierre datée de 1892), et de la toiture.

Aujourd'hui, église à nef unique, couverte par une charpente, avec trois chapelles de part et d'autre, terminée par une abside pentagonale voûtée sur croisée d'ogive. Une fenêtre de l'église représente le lion, le symbole de Canet.  

 

 

Textes et photos d'après archives personnelles, départementales et sites internets sur Canet-en-Roussillon.

 

 

 

 

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 Plus d'infos

 

 

Commune de Canet-en-Roussillon dans le département des Pyrénées-Orientales.